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Miss Blabla
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28 février 2007

petite histoire du dadaisme

Le mouvement Dada

 

Paris 1

L'étude du dadaïsme parisien n'offre à l'historien de l'art qu'un intérêt limité, car la capitale française servit surtout de scène à des combats d'ordre idéologique et littéraire. En fait, Dada n'a vraiment révélé à Paris que deux artistes français d'une importance majeure -- Duchamp et Picabia.

C'est de la jonction entre d'une part Picabia et Tzara, venus de Zurich à Paris respectivement en 1919 et 1920, et d'autre part des animateurs de la petite revue Littérature (André Breton, Louis Aragon, Philippe Soupault, Paul Éluard) que naquit le rameau français du mouvement, le mieux connu parce qu'il devait servir en quelque sorte de caisse de résonance au dadaïsme zurichois.Cette brillante carrière parisienne, ouverte en fanfare en janvier 1920, devait se terminer dans le marasme quatre ans plus tard. Elle fut marquée par une pléthore de manifestations, d'expositions, de spectacles, de provocations publiques, une floraison de manifestes, de pamphlets, de périodiques et d'ouvrages, très divers parfois, mais toujours marqués au coin de l'irrévérence iconoclaste de Dada. Cependant, la façade unie que présentait au public le groupe dadaïste était déjà lézardée. Quelques semaines à peine après sa formation, celui-ci se scinda en deux factions : un "parti zurichois", radical, animé par Tzara; et une tendance "parisienne", représentée par Breton et ses amis qui, plus accommodante envers la tradition littéraire, devait refaire surface en 1924 sous la nouvelle dénomination de surréalisme.

Cette épopée mouvementée se propagea, de pays en pays, jusqu'aux antipodes. Au total, une centaine d'artistes se réclamèrent du dadaïsme et produisirent, dans son orbite, des oeuvres d'une infinie variété.

À ses débuts, Dada vécut d'emprunts aux diverses écoles "modernistes" de l'avant-guerre (futurisme, cubisme, expressionnisme, etc.). Mais il utilisa les techniques de ses prédécesseurs à des fins diamétralement opposées, par un subtil procédé de "dénaturation". C'est ainsi, par exemple, que le démembrement typographique mis à la mode par les futuristes dans leurs Parole in Libertà reparaîtra systématiquement dans les tracts et pamphlets dadaïstes à Zurich, à Paris, comme à Berlin, au point de devenir la marque inaliénable du mouvement. Mais il ne s'agit plus, comme chez Marinetti, de tirer du désordre des fontes une beauté nouvelle, mais bien de montrer la vanité de tout effort esthétique. De même, toujours à la suite des futuristes, Dada fera grand cas de la machine. Mais alors que Severini et Balla s'en consacraient les thuriféraires, Ernst, Duchamp et Picabia ne songent qu'à la désacraliser en la replaçant dans un contexte libre de tout lyrisme (La Broyeuse de chocolat de Duchamp). Pas plus que l'homme, la machine, sa "fille née sans mère", ne trouve grâce aux yeux de Dada : elle est volontiers écartelée, violée, moquée, parodiée. On ne compte plus chez Picabia les éléments mécaniques disparates montés dans un ordre quelconque, comme par exemple cette Petite solitude au milieu des soleils à l'impossible fonctionnement et donc vouée à la stérilité.


1. Salon Dada. Affiche. Paris, galerie Montaigne, 3-6-30 juin 1921. L'exposition internationale mise sur pied par Tzara sous le nom de "Salon Dada" regroupait dans la salle de la galerie Montaigne, au-dessus du théâtre des Champs-Élysées, une centaine d'oeuvres hétéroclites soumises par une vingtaine de dadaïstes français et étrangers.

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